Sabrina
Pendant six ans, j’ai été proche aidante de mon papa Guy, atteint de la maladie d’Alzheimer et qui est décédé en mai dernier. Prendre soin de lui a transformé ma vie de jeune adulte.
J’ai compris à quel point les Sociétés Alzheimer sont importantes, en offrant support, écoute, formation et répit et ce, quotidiennement pour aider les proches aidants à travers le cheminement de la personne atteinte. Je pense que ce genre de situation avec mon père n’est pas évident pour personne, et surtout pour une jeune adolescente. Mon père a été diagnostiqué lorsque j’avais 15 ans alors que j’étais encore au Secondaire. Je ne me suis jamais laissé abattre psychologiquement, je suis restée forte tout le long, car je voulais montrer à mon père qu’on devait rester fort dans ce combat-là, et qu’on devait se soutenir. Ce n’était pas le moment de baisser les bras. C’est sûr que j’ai dû suspendre une session au CÉGEP, car j’étais épuisée, mais je me disais que la famille c’était plus important. Je vivais cette période au jour, le jour. Je ne pensais pas au lendemain. Je profitais de chaque moment avec mon père et j’évitais de penser au le futur.
C’est surprenant de dire qu’une expérience aussi déplorable peut changer une vie de façon positive. Pourtant, c’est une épreuve qui m’a fait énormément grandir. Tout s’est déroulé durant mon adolescence, un moment de notre vie où nous essayons de découvrir qui nous sommes. J’ai découvert une branche de métier que je n’aurais jamais voulu faire, mais pourtant ça m’a ouvert l’esprit—ça m’a amené à développer de nouvelles qualités et de nouveaux intérêts. À ce jour, j’étudie en santé comme technologue en radio-oncologie. J’aimerais faire une différence dans la vie des gens malades. Suite à ce que j’ai vu dans le système de santé, c’est sûr que j’aimerais être capable de faire changer les choses. Je veux aussi sensibiliser la jeunesse, parce que nous sommes une génération plus ouverte d’esprit. Une génération qui va devoir se responsabiliser face à la maladie qui touche notamment des personnes plus jeunes que la normale. Donc, nous devrons être bien outillés pour vivre cette épreuve.
Étant une jeune adulte de 21 ans, je crois que ma génération doit se responsabiliser, puisque c’est elle qui vivra un impact important dans les prochaines années, avec la prédiction d’une augmentation de plus de 30% de la maladie, soit en tant que proche aidant, ou en tant que personnes atteintes, puisque l’Alzheimer n’est plus seulement une affaire de personnes âgées. De plus en plus de jeunes adultes en seront atteints dans les prochains 30 ans. Lorsqu’un parent est atteint d’une maladie vers l’âge de 45-60 ans, l’enfant a de forts risques d’avoir une vingtaine ou une trentaine d’années. Il faut donc être informés de cette maladie et connaitre nos ressources. Il faut également se soutenir entre nous. Il y a encore trop de préjugés, encore trop de peur, même que ça peut être blessant à entendre. La société doit comprendre, apprendre, trouver des solutions bref s’allier pour mieux vivre cette difficile épreuve.
Chaque personne atteinte est une personne à part entière qui fait partie intégrante de la société. Une personne recevant un diagnostic est la même personne avant et après. Ce sont également des humains qui ont besoin d’amour, d’amitié et de soutien. Alors j’invite les gens à me contacter si vous voulez parler de vos histoires. Je vous répondrai avec grand plaisir.
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